Si aujourd’hui les écrans ont tendance à la remplacer, l’horloge à la trotteuse capricieuse résiste aux aléas du temps et de l’innovation. En Suisse, il existe encore quelque 5000 exemplaires dans les gares du pays.
Et même si son utilité semble discutable, les CFF assurent que l’horloge reste la maîtresse du temps: « C’est elle qui a le dernier mot. Même si le signal est au vert, le mécanicien doit toujours la regarder pour le départ de son train », explique la porte-parole des CFF Sabine Baumgartner dans Couleurs Locales.
Un « stop » aux raisons techniques
L’objet mythique se distingue par l’arrêt de la trotteuse rouge à chaque minute. Un petit stop qui n’est pas anodin.
« La trotteuse des horloges dans les gares avance un peu trop vite. Et après, à la minute pleine, elle s’arrête pendant 1,5 seconde. C’est dû à des restrictions techniques de l’époque. Aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire, mais c’est un hommage à Hans Hilfiker ».
Le boîtier contient en effet deux mécanismes: un pour les secondes, qui s’immobilise quelques instants, et qui reprend sa course une fois l’impulsion donnée par le deuxième mouvement, lequel règle les heures et les minutes.
« Le plus grand marché? La Suisse »
Epurée, d’inspiration Bauhaus, l’horloge fabriquée par l’entreprise Moser-Baer sous la marque Mobatime s’impose comme le symbole de la ponctualité et du design suisse. Depuis 1986, il est même possible de la porter à son poignet. C’est à ce moment-là, lors de l’achat de la licence de production par la famille Bernheim, que la montre a été baptisée « Mondaine ».
Aujourd’hui, elle est fabriquée en Suisse, à Biberist dans le canton de Soleure, et s’exporte à l’international.
« Notre plus gros marché, c’est la Suisse. Mais l’an dernier, malgré la crise sanitaire, nous avons quand même augmenté nos ventes dans certains pays étrangers, comme le Japon ou les Etats-Unis », détaille Niels Moller, CEO du groupe horloger.
Dans les musées et sur les téléphones
L’horloge « made in Switzerland » a su se frayer un chemin jusque sur les murs de certaines institutions, dont le célèbre Musée d’art moderne (MOMA) à New York. La montre, elle, a trouvé une place dans les rayons de leurs boutiques.
« C’est une montre minimaliste, iconique et les designers adorent ça. Les personnes qui fréquentent les musées sont aussi celles qui aiment le design. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons choisi des points de vente comme le MOMA à San Francisco, New York et Tokyo », précise Niels Moller.
Des musées, la Mondaine s’est frayée un chemin jusque dans les tablettes et les smartphones. Son design très simple a été copié en 2012 par Apple pour l’icône de son application, donnant lieu à un bras de fer entre le géant de la tech et les CFF, qui avaient breveté l’horloge en 2002.
Résultat: la marque à la pomme a dû verser à l’époque environ 20 millions de francs à l’ancienne régie fédérale.